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L'ennui et les affaires
à versailles

Versailles
l'envers du décor

Ce qui domine à Versailles, c'est l'ennui

la cour sous Louis XIV et Louis XV
Ce qui domine à la fin du siècle, à Versailles, c'est l'ennui ; personne n'ose s'en plaindre tout haut, mais chacun en soupire tout bas. Les correspondances privées en portent de nombreuses marques. Il n'y a plus aucune place pour la fantaisie, pour l'imprévu, dans cette mécanique de cour qui fait de la vie du roi un spectacle permanent et sans surprise. Mme de Maintenon écrit en 1705 : « Avant que d'être à la cour, je n'avais jamais connu l'ennui, mais j'en ai bien tâté depuis. »
Ruinée par les dépenses de toilette, de table et de jeu, languissante d'ennui, cette cour désoeuvrée va porter une grande partie de son activité sur les affaires. C'est un de ses aspects les moins connus, et cependant très caractéristique. Il faut absolument se procurer de l'argent pour maintenir un train de vie ruineux, un faste extérieur sans lequel on est discrédité.
Le seul fait d'être admis à la cour constitue un capital qu'il faut faire fructifier. On exploite son influence auprès du roi, ou des ministres, ou même de leurs commis. On ne cesse de solliciter pour ses amis ; on se fait donneur d'avis, c'est-à-dire qu'on guette toutes les places, toutes les successions vacantes de huguenots ou de condamnés et qu'on les signale aux intéressés. On apostille les placets au roi : tout cela contre honnête rétribution.
Un trafic d'argent considérable et assez louche s'institue à la cour autour de tous les emplois, de tous les monopoles, de toutes les grâces royales.
On négocie les emplois militaires, les changements de garnison. Princes et princesses, dames d'honneur, femmes de chambre, valets, tout le monde trafique.
Ecoutez Mme de Motteville : « La maison des rois est comme un grand marché, où il faut
nécessairement aller trafiquer pour le soutien de la vie et pour les intérêts de ceux auxquels nous sommes attachés par devoir ou par amitié.
»

A Versailles, c'est l'âge d'or des financiers

les nobles et l'argent sous Louis XIV et XV
C'est l'âge d'or des financiers, des fermiers généraux, des partisans, dénoncés par La Bruyère ; le roi lui-même est entre les mains d'un Samuel Bernard, riche de 60 millions ; on voit ces manieurs d'argent doter leurs filles de 400, 500 et même 700 000 livres ; la noblesse désargentée court après ces dots
extraordinaires ; le duc de Gesvres épouse la fille de Bois-franc, un Cossé celle de Béchameil.
Ces nouveaux riches accaparent toutes les charges, qu'ils paient sans discuter ; leur ascension est prodigieuse ; le grand-père était un modeste marchand, le père est un riche financier, le fils siégera au Parlement.
A côté de ces rois de la finance rôdent, dans les couloirs de Versailles, une bande inquiétante de financiers douteux, d'aventuriers à la recherche de la fortune et que les scrupules n'étouffent pas. Des sociétés, des associations clandestines se créent pour l'exploitation des charges nouvelles que le roi ne cesse de créer.
Le roi ne peut ignorer le trafic qui s'institue autour de toutes les grâces qu'il accorde aux uns et aux autres ; mais cela même entre dans son jeu politique ; c'est un moyen sûr de tenir tout ce monde intéressé qui gravite autour de lui. Derrière le faste et l'éclat de Versailles, source de toute faveur et de toute fortune, on voit ainsi l'âpreté générale déchaînée autour des bénéfices, licites ou illicites ; on devine tout un monde suspect d'intermédiaires véreux, d'hommes d'affaires besogneux et sans scrupule qui, avec la complicité de tout le personnel de la cour, joue des coudes pour atteindre ce qu'on n'appelait pas encore l' assiette au beurre.
bas
Ca sniffe à Versailles

A la cour du Roi-Soleil, on adore l'herbe enchantée, ainsi qu'on nomme alors le tabac à priser. Mais tout le monde n'est pas conquis.
Elle répand une odeur infecte et dégoûte les princesses raffinées comme la Palatine qui écrit dans ses lettres à la comtesse Louise : Avec un nez barbouillé de tabac, on a l'air d'être tombé dans la fiente!
Louis XIV est, rapporte-t-on. très fâché lui-même en apprenant que ses enfants et petits-enfants en abusent. Ah, quelle plaie ces jeunes accros au tabac !